Une humanité aussi bonne que possible
Sylvie Hello  1@  
1 : Sciences, Philosophie, Humanités  (EA4574 SPH)
Université de Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne

Demandé par l'Académie de Médecine en 1848 pour illustrer une des quatre grandes étapes de la médecine moderne, le tableau de Charles Müller, Pinel libérant les aliénés de leurs fers en 1792 est connu de tous. Par-delà la bonté qu'il exprime, le geste théâtralise l'émergence d'un nouveau type d'institution pour les aliénés, destinée au soin et non plus seulement à l'enfermement, où une rationalité conquérante s'exprime aussi bien dans le projet classificatoire des maladies mentales que dans l'organisation de la pratique asilaire. Tout cela n'a de sens que parce que le fou, qui conserve des lambeaux de sa raison, est reconnu dans son humanité. Dans le sillage des Lumières qui assignent à la raison le rôle de produire un citoyen capable de s'autodéterminer, de se donner à lui-même des lois et d'être souverain politiquement, la pratique asilaire se modifie profondément en convoquant elle aussi la question de savoir ce qui fait l'homme. Quels pouvoirs l'homme a-t-il sur lui-même ? En nous appuyant sur les œuvres des premiers aliénistes, en particulier Philippe Pinel (1745-1826) et Étienne Esquirol (1772-1840), nous montrerons que cette question conditionne cette nouvelle approche du soin et conduit à la mise en place du fameux « traitement moral ».


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